Histoire orientale

Publié le par L'inopinée

 L'Enchanteresse de Florence, Salman Rushdie

(Plon, 2008 - traduit de l'anglais par Gérard Meudal)

Un mystérieux étranger arrive à Sikri, la ville de l'empereur moghol Akhbar, et demande à lui parler. Il est porteur d'une étrange nouvelle, qui peut lui coûté la vie, et qui serait mortelle si elle était rapportée à tout autre individu qu'à l'Empereur... Ressurgi du passé enfoui à la mystérieuse Qara Köz, princesse moghol répudiée par sa famille et aux étranges pouvoirs enchanteurs...

Premières impressions...

...sur les trois premiers chapitres : l'intrigue n'a pas vraiment démarré, elle me laisse sur ma faim. L'auteur a d'abord présenté les personnages, retracé une partie plus ou moins longue de leur existence, ce qui permet de les cerner. Des phrases longues ! des énumérations de qualificatifs ! on ne peut pas reprocher à l'auteur son manque de précision, même s'il a tendance a souvent répété l'existence d'un secret qu'un seul homme peut entendre sans en dévoiler un seul détail. Le style Rushdie, quand même, si je peux me fier à ma seule autre lecture de l'auteur, Haroun et la mer des histoires.

Impressions finales :

Le roman commence véritablement après la première centaine de pages. Dans ce début un peu long, il s'agit essentiellement d'une présentation des personnages assez fournie en ce qu'elle retrace les traits de leur existence ou de leur périple. De cette façon, l'auteur trace le portrait moral de ses personnages : c'est donc utile, mais cela manque quand même, me semble-t-il, de concision.
On rencontre beaucoup d'analepses et un mélange à l'intérieur même du récit (parfois distingué par la mise en forme typographique) des commentaires et pensées personnels du personnage de l'empereur moghol, qui ont trait à sa vie, les événements, l'étranger (le "Moghor dell'Amor") dont il ne parvient pas à se faire une idée arrêtée. De fait, il n'est pas toujours évitant de se situer par rapport au présent de la fiction, c'est-à-dire la rencontre et les entretiens entre l'étranger et l'Empereur. Les histoires parallèles sont parfois nombreuses, elles aussi, comme les personnages, aux noms moghols et italianisants, certes essentiels à la création d'un univers pertinent, mais délicats à retenir et à resituer au cours de la lecture.
Un univers que l'on pourrait qualifier de "magique" entoure la princesse moghol qui porte le "titre" d'"Enchanteresse de Florence" : il donne un aspect onirique au roman, aspect qui s'accorde bien à l'idée que l'on se fait du monde oriental du temps des Moghols, et à la Florence de la Renaissance. Mais on perd cet univers enchanteur quelques pages avant la fin : dans les faits, il est indéniablement présent, mais on n'y adhère plus, peut-être, ai-je pensé, parce que la fin tend à être un peu "facile" par certains côtés, ou pourquoi pas ? parce que l'enchantement ne fonctionne plus, l'Enchanteresse de Florence ayant cessé de revivre, ressuscitée jusqu'alors à travers le récit de sa vie par celui qui dit être son fils...

 Le chapitre 9 m'a particulièrement plu. Y est racontée l'histoire de Dashwanth, peintre favori de l'empereur  Akhbar. Cela m'a fait pensé au mythe de Pygmalion, l'homme tombé amoureux de la femme qu'il a sculpté. Ici, Rushdie nous mène dans les méandres d'une réflexion passionnante sur les limites entre réel et imaginaire. Le peintre réussit de plus un tour de magie sublime : il entre dans le tableau où la femme dont il est tombé amoureux, qu'il a seulement vue telle qu'il l'a peinte lui-même, est la plus sublime... J'ai pensé au nain du
Mystère de la patience de Jostein Gaarder.

Publié dans Romans étrangers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
là ce roman me donne envie, je le note sur ma longue liste de livre à lire...
Répondre
L
<br /> super, tu m'en diras des nouvelles !<br /> <br /> <br />